Chaque année, en collaboration avec Montréal International (MI) et la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), l’Institut du Québec (IDQ) compare Montréal avec 14 villes nord-américaines de taille et d’importance semblable. À la suite de bonnes années de croissance économique, l’IDQ a aussi voulu vérifier si Montréal, comme en 2014, était toujours une région qui avait une importance économique plus élevée que son poids démographique au Québec.
Montréal est une locomotive pour l’économie du Québec. Proportionnellement, la contribution de la région métropolitaine au produit intérieur brut (PIB) de la province dépasse la proportion de Québécois qui y habitent. Plus de la moitié de la population active du Québec y est concentrée. Les emplois créés au Québec le sont en grande majorité dans la métropole. Plus de 50% des revenus des gouvernements proviennent de Montréal. Étant donné l’importance de la région montréalaise, tous les Québécois devraient avoir à coeur la santé de son économie.
En 2014, l’IDQ avait publié un rapport intitulé Montréal : boulet ou locomotive ? qui mettait en relief l’importance économique de Montréal pour le Québec. Le PIB de la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal dépassait déjà son poids démographique. La proportion des investissements privés, l’immigration ainsi que les brevets y étaient tous plus importants que le pourcentage de Québécois vivant dans la région montréalaise. Si Montréal était une locomotive économique pour le Québec à l’époque, elle avait toutefois des failles observables : une croissance du PIB anémique jumelée à une productivité très faible. Ce n’était pas un jeu à somme nulle : la force de Montréal avait un effet mesurable sur l’économie du Québec.
Cinq ans plus tard, les constats sont les mêmes, mais la croissance économique connaît un nouvel élan. Depuis 2012, 50 % et plus des Québécois vivent dans la RMR de Montréal. Nourrie par une immigration qui s’y concentre, la région montréalaise gagne de plus en plus en poids démographique. Plus de 50 % de la population active du Québec habite la métropole. Le PIB de la région de Montréal représente maintenant plus de 52 % du PIB québécois. La contribution montréalaise aux revenus gouvernementaux s’élève à 52 % (comparativement à un peu plus de 50 % en 2014).
Si la croissance économique est beaucoup plus forte à Montréal qu’en 2014 (1,8 % de croissance du PIB en 2014 comparativement à 3,4 % en 2018), la productivité et la qualification du capital humain sont encore sources de préoccupations. Le taux de diplomation (baccalauréat et plus) y est plus bas que dans d’autres villes nord-américaines. La proportion de personnes sans diplôme secondaire y est plus élevée. On observe généralement que les villes qui ont de bons taux de diplomation sont aussi celles qui ont un meilleur PIB par habitant et une productivité des entreprises plus élevée.
Des années de croissance soutenue ont amélioré la situation économique de la métropole par rapport à celle qui prévalait à la fin du XXe siècle. Mais cela n’a pas suffi pour effectuer un rattrapage face aux autres villes nord-américaines. En comparaison aux autres villes, Montréal demeure économiquement loin derrière, notamment en raison d’une absence d’amélioration de la productivité. Cela s’explique, entre autres, par la trop forte proportion du capital humain avec une faible qualification, un boulet qui risque de ralentir la belle lancée des dernières années. Cet enjeu est un des grands défis de la région.
L’IDQ compare chaque année Montréal à 14 autres villes nord-américaines de taille similaire. Après quatre années de comparaisons, nous sommes en mesure de faire quelques observations :
La métropole est le défi de tout le Québec. Comme c’est une des locomotives de l’économie québécoise, sa vitalité doit préoccuper tous les décideurs. Prendre la ville en considération dans l’élaboration des politiques publiques doit donc devenir un réflexe pour tous les gouvernements.
Nous avions formulé en 2014 quelques recommandations qui sont, selon nous, toujours pertinentes pour Montréal :
Il serait pertinent d’en ajouter une nouvelle :
Face aux constats récurrents de chaque nouvelle édition de Comparer Montréal, il nous semble logique que cette dernière recommandation se place au coeur de toute action qui cherchera à améliorer le sort économique de la métropole.
Jean-Guy Côté