Dans la mise à jour qu’il dépose chaque automne, le ministère des Finances du Québec fait le point sur la situation financière et économique, et met la table pour le budget qui sera déposé au printemps. C’est à cette réflexion sur les politiques budgétaires que l’Institut du Québec entend participer.
Cette note d’analyse met en relief des éléments qui nuancent l’optimisme sur la viabilité des finances publiques québécoises et le sentiment de sécurité engendré par la façon dont les politiques budgétaires ont résisté au choc de la pandémie.
Un retour à la normale après la pandémie?
Le dernier budget, déposé en mars 2023, visait un retour à la normale après le choc de la pandémie en prévoyant un retour à des budgets écrits à l’encre noire en 2027 2028 et une poursuite des efforts de réduction de la dette, pour qu’elle passe à 30 % du PIB en 2037-2038. Ces trajectoires, pour être couronnées de succès, devront affronter deux défis.
Premier défi : ralentir la croissance des dépenses
Le dernier budget du gouvernement du Québec prévoyait que les dépenses de portefeuille n’augmenteraient que de 2,2 % par année entre 2023 et 2028. Un rythme de croissance qui se compare aux périodes de grande rigueur budgétaire que la province a connu au cours des dernières décennies, avec une croissance de 1,8 % par année entre 1993 et 1998 et de 2,6 % entre 2011 et 2016. Ce retour à une croissance plus modeste des dépenses risque d’être ardu, alors que l’inflation, qui reste plus élevée que ce qui a été prévu dans le dernier budget, continuera à exercer des pressions sur les coûts.
Deuxième défi : des transformations de l‘économie
Avec une population en âge de travailler qui n’augmente à peu près plus, les pressions sur les salaires et les coûts de main-d’œuvre pourraient se maintenir dans les prochaines décennies. La redéfinition des politiques industrielles, notamment avec le rapatriement de certaines activités économiques stratégiques en Amérique du Nord, pourrait générer une augmentation généralisée du coût des biens et, conséquemment, du maintien de l’inflation à un niveau plus élevé. La chasse aux investissements privés quant à elle ajoute une pression supplémentaire sur les finances publiques du Québec, qui est en concurrence avec d’autres États pour attirer ces investissements.
Mieux se préparer à la nouvelle normalité
Dans le prochain budget, il sera donc utile de commencer à élargir la perspective et l’horizon des analyses sur les scénarios et les risques.
Voici quelques pistes de réflexion pour mieux évaluer les nouveaux risques et s’y préparer :