Rapport
Bilan 2023 de l’emploi au Québec
Des clés pour comprendre un marché du travail en mutation
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Communiqué de presse
L’année 2023 : moins de pénuries sur le marché de l’emploi
- Le marché du travail québécois, caractérisé depuis de nombreuses années par des taux de chômage historiquement bas et un grand nombre de postes non pourvus faute de candidats disponibles, a enregistré en 2023 un déclin notable de cette demande excédentaire.
- Ce phénomène s’illustre par la diminution du nombre de postes vacants, passant de 211 000 à 149 000 en un an, et par une légère hausse du taux de chômage, variant de 4,1 % en décembre 2022 à 4,7 % en décembre 2023.
- Ce relâchement est dû en partie au ralentissement économique qui a contraint les employeurs à supprimer certains postes qu’ils ne parvenaient pas à combler de toute manière.
- Il s’explique également par l’arrivée de nombreux immigrants temporaires qui a fait accroître le nombre de travailleurs disponibles au Québec.
Mais encore des créations d’emplois
- Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, ce relâchement du marché de l’emploi ne s’est pas traduit – du moins jusqu’en décembre 2023 – par des pertes d’emplois importantes.
- Au contraire, il s’est créé au net, 67 000 emplois au Québec entre décembre 2022 et décembre 2023. Une croissance de l’emploi qui se compare à ce que la province a connu dans ses bonnes années de croissance économique à la veille de la pandémie.
- Le secteur public – et plus particulièrement l’enseignement – ainsi que le secteur de l’hébergement et de la restauration ont été des moteurs importants de cette création d’emplois.
- En revanche, le secteur de la finance, des assurances et de l’immobilier a fait les frais du ralentissement du marché immobilier et comptait en décembre 2023, 13 000 emplois de moins qu’à pareille date l’an dernier.
Un boom démographique en temps de ralentissement
- L’année 2023 a aussi été marquée par un phénomène que l’on pourrait qualifier de boom démographique, entraînant une croissance significative du bassin potentiel de travailleurs, avec un gain de près de 100 000 personnes entre décembre 2022 et décembre 2023.
- L’arrivée de nouveaux résidents temporaires a eu deux répercussions majeures sur le marché du travail. D’une part, elle a contribué à alléger les pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs comme la restauration où les immigrants temporaires sont surreprésentés. D’autre part, elle a fait augmenter le taux de chômage puisque cette croissance de la population active (2,1 % en un an) a été plus rapide que la création d’emplois (1,5 %).
- Les immigrants ont d’ailleurs davantage fait les frais de cette hausse du chômage. Ainsi, sur les 49 000 chômeurs qui se sont ajoutés au Québec entre décembre 2022 et décembre 2023, 27 000 étaient immigrants permanents, 13 000 résidents temporaires et 9 000 des personnes nées au Canada.
Moins de création d’emplois de qualité, mais sans éliminer les gains réalisés au cours de la pandémie
- Une grande partie des emplois créés en 2023 étaient des postes à temps partiel, ce qui peut notamment s’expliquer par le fait que la création d’emplois s’est surtout produite dans des secteurs où prévaut le temps partiel comme la restauration.
- Cette situation peut également être attribuable au fait qu’il y ait eu davantage de recrutement pour des emplois à temps partiel. De plus, on note une hausse du nombre de travailleurs qui cumulent des emplois pour générer des revenus équivalents à un poste à temps plein.
- La tendance à la création d’emplois bien rémunérés observée à la sortie de la pandémie s’est estompée en 2023. Toutefois, en décembre, la proportion des emplois bien rémunérés dans l’ensemble du marché du travail (48 %) demeure encore supérieure à celle observée avant la pandémie (45 %).
- Depuis 2020, le salaire horaire nominal s’est accru rapidement au Québec. Un phénomène qui s’explique notamment par des augmentations salariales et des déplacements vers des secteurs mieux rémunérés.
- Toutefois, la forte inflation à la sortie de la pandémie a grugé les gains salariaux, mais seulement en partie.
Des difficultés de recrutement qui perdurent dans plusieurs secteurs
- En 2023, une grande partie des postes vacants pour des emplois peu qualifiés et moins bien rémunérés ont été pourvus ou retirés des annonces. Cela a contribué à réduire certains déséquilibres précédemment observés entre la demande croissante de travailleurs peu spécialisés et l’offre de main-d’œuvre de plus en plus qualifiée.
- Le principal défi reste celui du secteur de la santé qui continue à faire face à des difficultés de recrutement importantes. Et rien ne laisse présager que cette demande soit appelée à diminuer puisqu’elle ne dépend pas de la conjoncture économique mais plutôt du vieillissement de la population qui se poursuivra.
Des opportunités dans un marché du travail en transformation
- En 2024, l’économie québécoise devrait poursuivre son ralentissement avec un taux de chômage qui augmente encore mais dans des proportions moindres que celles observées lors des dernières récessions.
- Cette situation s’expliquerait en partie par le fait que les employeurs s’attendent à rencontrer des difficultés de recrutement et qu’ils préféreront maintenir leurs travailleurs en emploi malgré le ralentissement économique.
- De plus, la demande en travailleurs devrait rester élevée au cours de la prochaine année, plus spécifiquement dans certains secteurs comme la santé et la construction.
- Malgré un contexte économique difficile, les employeurs, tant dans les secteurs privé que public, sont plus que jamais conscients du besoin de moderniser et transformer leurs façons de faire, après avoir connu les pénuries des dernières années.
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