- Les phénomènes de rareté de main-d’œuvre exercent de la pression importante dans plusieurs secteurs de l’activité économique au Québec.
Des secteurs qui attirent des travailleurs :
- Cinq secteurs ayant le plus augmenté l’emploi salarié du 1er trimestre 2020 au 1er trimestre 2022 (+132 375) ont représenté 37 % des nouveaux postes vacants sur cette période. Parmi ceux-ci, trois secteurs se sont démarqués : les soins de santé et l’assistance sociale, les services professionnels scientifiques et techniques, et la construction.
- Le secteur de la santé et de l’assistance sociale est celui qui, depuis deux ans, a eu à la fois la plus forte hausse du nombre de postes vacants (+17 785) et de l’emploi salarié (+67 520). Le taux de postes vacants y est désormais de 6,4 %, en hausse par rapport aux 3,9 % exprimés deux ans plus tôt. La demande non comblée (+91,6 %) a augmenté plus rapidement que le nombre de salariés (+14,2 %) dans ce secteur. Selon le Quotidien de Statistique Canada publié le 21 juin 2022, cette incapacité du marché du travail de fournir des employés à ce secteur en particulier pourrait être « attribuable à une pénurie de travailleurs hautement spécialisés, plutôt qu’à l’absence de correspondance entre les salaires offerts et les salaires de réserve (…) », signifiant que les salaires offerts ne représentent pas un enjeu important pour ce secteur.
Des secteurs qui ne parviennent pas à attirer des travailleurs :
- Pour l’autre catégorie de secteurs, celle pour laquelle les postes vacants ont augmenté et l’emploi salarié a diminué, la réalité est tout autre : il est difficile d’y attirer des candidats notamment en raison des conditions salariales difficiles. En effet, les deux dernières années ont provoqué un déplacement des travailleurs des secteurs comme l’hébergement et la restauration vers des secteurs offrant des emplois plus stables et mieux rémunérés. En effet, les cinq secteurs ayant le plus perdu d’emplois salariés au net (-81 065 depuis deux ans) ont également généré 35 675 postes vacants supplémentaires sur cette même période.
- Parmi ces secteurs, deux se sont particulièrement distingués : les services d’hébergement et de restauration, et la fabrication. Les deux sont désormais dotés de taux de postes vacants atteignant respectivement les 11,6 % et 6,6 %, comparativement à 4,7 % et 3,4 % deux ans plus tôt. C’est ainsi que, dans la foulée de la levée de plusieurs mesures sanitaires au 2e trimestre de 2022, l’emploi salarié dans l’hébergement et la restauration a tout de même diminué de 51 015 depuis deux ans (- 18,9 %), alors que le nombre de postes vacants dans ce secteur a augmenté de 15 215 (+114,1 %). Dans le secteur de la fabrication, on retrouve davantage une incapacité de recruter de nouveaux effectifs, avec une baisse de l’emploi salarié de 1,7 %, et d’une hausse des postes vacants de 100,9 %.
- Selon le plus récent coup de sonde de l’Enquête sur la situation des entreprises canadiennes, 73,8 % des entreprises des services de l’hébergement et de la restauration au Québec estimaient s’attendre à devoir surmonter des obstacles liés à la pénurie de main-d’œuvre. Ces pourcentages sont de respectivement 53,8 % pour la fabrication, et 46,1 % pour l’ensemble des entreprises. À ces obstacles s’ajoutent également ceux du recrutement d’employés qualifiés et du maintien en poste des employés qualifiés, véritables enjeux pour les entreprises de ces deux secteurs.