Au lendemain du dépôt du budget du Québec 2022-2023, l’Institut du Québec vous propose son analyse.
Les prévisions économiques qui ont servi à planifier les deux premières années du budget, soit 2022 et 2023, sont plus conservatrices que celles utilisées par la moyenne des institutions privées. Ainsi, les prévisions de croissance du PIB réel du ministère des Finances (MFQ) s’élèvent respectivement à 2,7 % et à 2,0 % en 2022 et 2023 alors qu’elles se situent à 3,0 % et à 2,5 % dans le secteur privé. Pour effectuer cette analyse, l’IDQ a compilé les prévisions réalisées par les institutions privées sur les principaux indicateurs économiques. Les prévisions présentées dans ce rapport sont le fruit de moyennes calculées à partir de celles publiées entre le début février et le 21 mars 2022. Les moyennes de l’Indice de prix à la consommation (IPC) regroupent les prévisions de six institutions, alors que ce nombre passe à sept pour le PIB réel.
Le solde budgétaire au sens des comptes publics devient positif, et ce dès l’année fiscale 2023-2024 selon le Ministère des Finances du Québec. Par contre, tel que le prévoit la Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations, des sommes sont versées annuellement au Fonds des générations ce qui place le solde budgétaire au sens de la Loi sur l’équilibre budgétaire en zone déficitaire jusqu’en 2027-2028. Le budget ne comporte aucune précision quant à la façon dont sera comblé le déficit structurel de l’ordre de 2,8 G$ en 2026-2027 pour respecter la Loi .
Dans une perspective de soutenabilité des finances publiques, le fait d’agir sur les revenus des ménages, plutôt qu’intervenir sur le coût de leurs dépenses s’avère une bonne chose. En effet, des gels de tarifs ou des réductions de taxes et d’impôts auraient occasionné des coûts récurrents, non seulement difficiles à éliminer par la suite, mais qui auraient aussi plombé les dépenses du gouvernement.
Quelques bémols doivent toutefois être apportés. Tout d’abord, soulignons que le régime fiscal québécois prévoit déjà l’intégration de l’inflation par le mécanisme de l’indexation des programmes. De plus, dans une perspective d’équité, cette nouvelle mesure aurait pu être davantage ciblée afin d’appuyer plus spécifiquement les ménages à faibles revenus, comme cela a été fait en janvier 2022. Enfin, il semble y avoir encore des liquidités excédentaires dans l’économie et certains travailleurs sont bien outillés pour faire face à la hausse de l’inflation. À terme, injecter de l’argent dans une économie où le niveau de liquidité demeure élevé pourrait donc exercer des pressions inflationnistes plutôt que de les contrôler comme souhaité.
Le budget propose d’utiliser la marge de manœuvre dégagée pour stimuler la productivité du Québec, améliorer le système de santé et investir en éducation, et c’est une bonne chose.
IDQ, Emna Braham, Simon Savard, Mia Homsy