Veille de l'emploi
NOTE DE L'EMPLOI
5 min

Un marché du travail québécois résilient, plus quen Ontario

Note de l'emploi - Mai 2025

Rapport
6 juin 2025

Perspective

Malgré la tempête commerciale lancée par Washington, le marché du travail québécois tient bon. Tandis que l’Ontario enregistre un taux de chômage de 7,9 % en mai 2025, le Québec a baissé de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 5,8 %.

Les droits de douane ciblés ont affecté davantage l’emploi en Ontario

Au cours des deux dernières années, dans un contexte de taux d’intérêt élevés puis d’incertitude économique, la création d’emplois dans le secteur privé a été décevante tant au Québec qu’en Ontario. Jusqu’en juillet 2024, le ratio du nombre d’employés du secteur privé pour 1 000 personnes en âge de travailler (15 à 64 ans) affichait ainsi une tendance à la baisse, signe que la création d’emplois ne suivait pas le rythme de la croissance démographique (voir graphique 1 plus bas).

Depuis juillet 2024, les chemins du Québec et de l’Ontario ont commencé à s’éloigner. Au Québec, le ratio est reparti à la hausse, signalant une reprise du secteur privé, en partie due à l'assouplissement de la politique monétaire. Pendant ce temps, en Ontario, ce même ratio a continué de baisser pendant plusieurs mois. Au printemps 2025, l’écart s’est accentué : en mai, le ratio était de 508 en Ontario, contre 531 au Québec.

Moins de premiers emplois

Pourquoi ? D’abord, le marché s’est essoufflé non pas par des mises à pied massives, mais par un net ralentissement des embauches. Résultat : ce sont les nouveaux venus — jeunes diplômés, immigrants récents — qui ont le plus de mal à décrocher un premier emploi.

Autre élément à surveiller : depuis 2022, la hausse de l’immigration temporaire, composée en grande partie d’étudiants et de diplômés universitaires (grâce aux permis post-diplôme), a intensifié la compétition pour les mêmes emplois.

Un impact sur l’emploi localisé, pour le moment

Les pertes d’emplois plus importantes observées en Ontario s’expliquent en grande partie par la dynamique des mesures tarifaires. Bien que de nombreuses menaces de tarifs généralisés aient été brandies, les mesures effectivement mises en place demeurent ciblées. La plupart des échanges portant sur des produits conformes à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) continuent d’être exemptés de droits de douane. L’impact tarifaire effectif sur les exportations canadiennes vers les États-Unis, estimé par certains économistes, s’élève à environ 6 %, un niveau inférieur à celui subi par la majorité des autres partenaires commerciaux.

Certains secteurs restent toutefois particulièrement vulnérables. C’est le cas de la fabrication d’automobiles pour l’Ontario, ainsi que du bois d’œuvre, de l’acier et de l’aluminium au Québec (rehaussement des tarifs qui ont pris effet mercredi dernier). Ces secteurs stratégiques représentent une part plus importante de l’emploi en Ontario qu’au Québec. En Ontario, l’automobile représente 1,3 % des emplois, alors qu’au Québec, la métallurgie ne compte que pour 0,5 % de l’emploi total.

Depuis décembre 2024, les pertes d’emplois en Ontario se concentrent principalement dans le secteur manufacturier (–22 000 emplois) et celui du transport et de l’entreposage (–20 000 emplois) (voir graphique 2 plus bas). Cependant, l’incertitude persistante et le ralentissement économique prévu pourraient entraîner une propagation plus généralisée des effets de la guerre tarifaire dans les deux provinces.

En bref

Vigueur du marché du travail

  • Le taux de chômage est maintenant de 5,8 %. Il était de 6,0 % le mois dernier et de 5,1% l'an dernier.

  • Il y a 17 000 emplois de moins que le mois dernier et 80 400 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 6 500 emplois de plus dans le secteur privé que le mois dernier et 53 500 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 9 000 chômeurs de moins que le mois dernier et 41 700 de plus qu'il y a un an.

  • La population active, soit les personnes à l’emploi ou à la recherche d’un emploi, a diminué de 26 100 depuis un mois. Elle est 122 100 plus nombreuse que l'an dernier.

Qualité des emplois

  • Il y a 13 700 emplois à temps plein de plus que le mois dernier et 106 200 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a maintenant 32 600 travailleurs à temps partiel involontaire pour des raisons économiques¹. C'est 3 800 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 10 400 emplois de moins dans les secteurs bien rémunérés² depuis le mois dernier et 60 200 de plus depuis un an.

  • Les salaires ont augmenté de 2,6% sur une base annuelle ce mois-ci. Cette croissance était de 3,0% le mois dernier.