Veille de l'emploi
NOTE DE L'EMPLOI
5 min

Diplômés mais sans emploi?

Note de l'emploi - Avril 2025

Rapport
4 avril 2025

Perspective

Alors que les finissants des universités s’apprêtent à faire leur entrée sur le marché du travail, un chiffre retient l’attention : le taux de chômage des jeunes diplômés est en hausse.

Le taux de chômage des jeunes diplômés universitaires bondit

Mettons les choses en contexte : depuis le creux de 2022, le taux de chômage a augmenté pour tout le monde. Depuis, l’économie a ralenti, pendant que l’arrivée massive de travailleurs temporaires a intensifié la concurrence pour les emplois disponibles. Ajoutez à cela les tensions commerciales avec les États-Unis, et beaucoup d’employeurs restent en mode « attente » : on repousse les investissements, donc on retarde aussi les embauches.

Mais le choc est particulièrement marqué chez les nouveaux diplômés au Québec : chez les 22 à 26 ans titulaires d’un baccalauréat ou plus, le taux de chômage a grimpé à 6,9 % en 2024, soit une hausse de 2,6 points par rapport à 2022. À titre de comparaison, le taux de chômage de l’ensemble de la population a atteint 5,3 %, n’augmentant que de 1,0 point de pourcentage sur la même période (graphique 1).

Moins de premiers emplois

Pourquoi ? D’abord, le marché s’est essoufflé non pas par des mises à pied massives, mais par un net ralentissement des embauches. Résultat : ce sont les nouveaux venus — jeunes diplômés, immigrants récents — qui ont le plus de mal à décrocher un premier emploi.

Autre élément à surveiller : depuis 2022, la hausse de l’immigration temporaire, composée en grande partie d’étudiants et de diplômés universitaires (grâce aux permis post-diplôme), a intensifié la compétition pour les mêmes emplois.

Les jeunes diplômés étrangers plus vulnérables

Les jeunes sont généralement plus vulnérables aux hausses du chômage, et les immigrants le sont encore davantage — d’autant qu’ils sont tous deux majoritairement concentrés dans les grandes villes, où le chômage est plus élevé. Cette fragilité est accrue chez les immigrants temporaires, surtout lors de changements de politiques qui restreignent l’accès aux permis de travail : certains doivent alors patienter plus longtemps pour obtenir ou renouveler leur statut, ce qui complique leur intégration professionnelle. À l’échelle canadienne, on observe d’ailleurs une forte augmentation du nombre de jeunes diplômés immigrants sans emploi, sans études ni formation, un phénomène qui peut refléter ces délais et incertitudes administratives.

Un taux supérieur à la moyenne québécoise

Traditionnellement, les jeunes diplômés affichaient un taux de chômage plus bas que la moyenne (graphique 2), mais en 2024, la tendance s’est inversée. Depuis les années 2010, l’écart s’est resserré, et il devient plus fréquent de voir les diplômés devancer la moyenne. Ce n’est pas que le marché n’a plus besoin de travailleurs qualifiés — la demande reste forte — mais c’est l’offre qui explose. Chaque année, le nombre de diplômés grimpe, ce qui rend leur profil moins rare. Cette croissance est continue, mais connaît parfois des pics : autour de 2000, après la crise de 2008, et plus récemment en 2021-2022. À chaque bond du nombre de finissants, il faut un certain temps pour que le marché absorbe la nouvelle cohorte, et le taux de chômage des diplômés monte.

À quoi s’attendre pour l’avenir?

Les nouveaux diplômés font leur entrée sur un marché du travail incertain, mais pas en crise. La démographie joue en leur faveur : les départs massifs à la retraite limitent la hausse du chômage, même en période de ralentissement. Pourtant, malgré des pénuries dans certains secteurs, beaucoup de diplômés pourraient préférer patienter plutôt que de prendre un emploi hors de leur domaine.

Ce choix peut ralentir le début de leur carrière, ce qui risque d’affecter leur progression salariale à long terme. L’intégration progressive de l’IA, surtout dans les services professionnels et scientifiques, complique aussi la donne : de plus en plus de tâches d’entrée de carrière pourraient être automatisées, rendant les employeurs plus hésitants à embaucher.

Au final, faire des études reste un bon pari individuel, mais le vrai défi, c’est de bien choisir le moment: certains jeunes pourraient choisir de poursuivre des études supérieures, en attendant que le marché se dégage.

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En bref

Vigueur du marché du travail

  • Le taux de chômage est maintenant de 6,0%. Il était de 5,7% le mois dernier et de 5,1% l'an dernier.

  • Il y a 18 300 emplois de plus que le mois dernier et 89 300 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 5 300 emplois de moins dans le secteur privé que le mois dernier et 37 300 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 16 900 chômeurs de plus que le mois dernier et 50 200 de plus qu'il y a un an.

  • La population active, soit les personnes à l’emploi ou à la recherche d’un emploi, a augmenté de 35 300 depuis un mois. Elle est 139 700 plus nombreuse que l'an dernier.

Qualité des emplois

  • Il y a 27 000 emplois à temps plein de plus que le mois dernier et 91 100 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a maintenant 30 800 travailleurs à temps partiel involontaire pour des raisons économiques¹. C'est 1 400 de moins qu'il y a un an.

  • Il y a 18 900 emplois de plus dans les secteurs bien rémunérés² depuis le mois dernier et 53 900 de plus depuis un an.

  • Les salaires ont augmenté de 3,0% sur une base annuelle ce mois-ci. Cette croissance était de 2,9% le mois dernier.

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