Veille de l'emploi
NOTE DE L'EMPLOI
6 min

Note de l'emploi - Mai 2024

Pourquoi avons-nous l’impression que tout va mal?

Rapport
1 mai 2024

En bref

Vigueur du marché du travail

  • Le taux de chômage est maintenant de 5,1%, inchangé depuis le mois dernier. Il était de 4,1%l'an dernier.

  • Il y a 2 100 emplois de moins que le mois dernier et 32 900 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 6 100 emplois de moins dans le secteur privé que le mois dernier et 15 500 de moins qu'il y a un an.

  • Il y a 800 chômeurs de plus que le mois dernier et 52 900 de plus qu'il y a un an.

  • La population active, soit les personnes à l’emploi ou à la recherche d’un emploi, a diminué de 1 300 depuis un mois. Elle est 85 800 plus nombreuse que l'an dernier.

Qualité des emplois

  • Il y a 2 100 emplois à temps plein de moins que le mois dernier et 5 200 de moins qu'il y a un an.

  • Il y a maintenant 29 400 travailleurs à temps partiel involontaire pour des raisons économiques¹. C'est 2 400 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 6 400 emplois de moins dans les secteurs bien rémunérés² depuis le mois dernier et 3 500 de moins depuis un an.

  • Les salaires ont augmenté de 5,1% sur une base annuelle ce mois-ci. Cette croissance était de 4,4% le mois dernier.

1 Les travailleurs à temps partiel involontaire pour des raisons économiques sont ceux qui travaillent à temps partiel en raison de la conjoncture économique ou parce qu’ils n’ont pu trouver un travail de 30 heures ou plus par semaine malgré en avoir cherché un.
2 Les secteurs bien rémunérés sont ceux où le salaire horaire moyen pour l’année 2023 était supérieur à la moyenne québécoise.

Perspectives

La baisse du taux directeur survenue cette semaine est de bon augure pour l’économie. Elle est le signe que l’inflation revient graduellement à la cible. La bonne nouvelle est aussi que les efforts pour y arriver n’ont pas causé de pertes d’emploi importantes. Toutefois, l’activité économique est encore au ralenti et les opportunités d’emplois se font plus rares. En même temps, les taux d’intérêt restent élevés et les prix de nombreux biens et services continuent d’augmenter. Résultat : de nombreux Québécois sont plus pessimistes qu’auparavant quant à l’état de l’économie.

Les travailleurs n’ont plus le gros bout du bâton

Les conditions du marché du travail se sont manifestement assombries dans les derniers mois. Les opportunités d’emplois telles que mesurées par les postes vacants ont reculé à cause des effets du ralentissement économique sur l’emploi, mais également en raison de l’arrivée importante d’immigrants temporaires qui ont comblé certains postes.

Comme la création d’emploi n’a pas suivi la croissance de la population, un nombre grandissant de personnes est à la recherche d’un emploi : le taux de chômage est passé de 4,1 % en mai 2023 à 5,1 % en mai 2024. Cela représente 52 900 chômeurs de plus. Tous les Québécois ne sont pas touchés de la même manière par ce ralentissement du marché de l’emploi. Les jeunes et les immigrants ont vu leur taux de chômage augmenter plus rapidement.

Les consommateurs sont plus pessimistes

Des salaires qui augmentent légèrement moins rapidement qu’avant témoignent également de ce changement de vent. Alors que les salaires horaires moyens augmentaient de 5,4 % en mai 2023, ils ont augmenté de 5,1 % en mai 2024. Depuis la pandémie, la croissance des salaires suit globalement l’inflation.

En revanche, les tensions sur le marché du logement locatif continuent de faire croître le prix des logements rapidement. Certains travailleurs doivent donc faire face à des dépenses plus élevées alors que les perspectives d’emploi et de croissance des salaires sont moins reluisantes. Tout cela entraîne une baisse de la confiance des consommateurs, l’amenant près d’un creux historique (graphique 2).

À quoi s’attendre pour la suite?

Avec de nombreux départs à la retraite, les enjeux de rareté de main-d’œuvre n’ont pas tout à fait disparu. D’ailleurs, la plupart des prévisionnistes s’attendent à une hausse du taux de chômage au cours de la prochaine année, mais bien en dessous de ce qui a déjà pu être observé lors de récessions passées.

Cette résilience du marché de l’emploi, qui s’observe également dans le reste du Canada, est une bonne nouvelle pour les travailleurs. Elle pourrait cependant retarder ou diminuer les baisses de taux d’intérêt attendus. Selon la Banque du Canada, un des risques qui pourrait compromettre les récents progrès dans la lutte contre l’inflation est une augmentation des salaires qui dépasserait trop celle de la productivité.

En effet, lorsque les employeurs augmentent les salaires sans gains de productivité, ils répercutent cette hausse de coûts sur leurs clients pour préserver leur rentabilité, provoquant ainsi une inflation qui ne profite pas pleinement aux travailleurs, eux-mêmes confrontés à des coûts plus élevés.

Graphique 1
Croissances des salaires et inflation au Québec
Croissance annuelle. SOURCE : Statistique Canada
Graphique 2
Indice de confiance des consommateurs au Québec
Indice : 2014 = 100, moyenne mobile sur 12 mois. SOURCE : Conference Board of Canada
Télécharger