Veille de l'emploi
NOTE DE L'EMPLOI
4 min

Note de l'emploi - Mars 2025

Guerre commerciale et marché de l’emploi : des conséquences qui se font déjà sentir ?

Rapport
4 avril 2025

En bref

Vigueur du marché du travail

  • Le taux de chômage est maintenant de 5,7 %. Il était de 5,3 % le mois dernier et de 4,9 % l'an dernier.

  • Il y a 4 900 emplois de moins que le mois dernier et 88 300 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 9 600 emplois de plus dans le secteur privé que le mois dernier et 43 700 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 20 300 chômeurs de plus que le mois dernier et 45 000 de plus qu'il y a un an.

  • La population active, soit les personnes à l’emploi ou à la recherche d’un emploi, a augmenté de 15 400 depuis un mois. Elle est 133 300 plus nombreuse que l'an dernier.

Qualité des emplois

  • Il y a 10 600 emplois à temps plein de moins que le mois dernier et 65 500 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a maintenant 32 900 travailleurs à temps partiel involontaire pour des raisons économiques. C'est 6 700 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 800 emplois de plus dans les secteurs bien rémunérés² depuis le mois dernier et 26 100 de plus depuis un an.

  • Les salaires ont augmenté de 2,9 % sur une base annuelle ce mois-ci. Cette croissance était de 3,7 % le mois dernier.

La question sur toutes les lèvres est de savoir si la guerre commerciale débutée en février 2025 a des impacts sur le marché de l’emploi. Pour l’instant, ceux-ci restent limités, mais nous pourrions être à un point d’inflexion. La reprise de l'emploi observée depuis octobre 2024, stimulée par la baisse des taux directeurs, semble s’être estompée. Entre juillet 2024 et janvier 2025, 103 000 emplois avaient été créés au Québec (+2,3 %), signe d’une forte progression. Cependant, de janvier à mars 2025, l’emploi a légèrement reculé de 8 000 (-0,2 %), illustrant l'impact de l'incertitude commerciale sur les décisions d'embauche. Parallèlement, le chômage a progressé avec 20 300 chômeurs supplémentaires et une hausse du taux de chômage de 5,3 % à 5,7 %.

Malgré des pertes d’emploi limitées, le marché du travail semble réagir avec un certain décalage. C’est le paradoxe des données d’emploi : bien qu'elles soient parmi les plus récentes (mars 2025), elles reflètent des changements qui prennent des mois à se concrétiser.

Un autre indicateur de ce ralentissement est l'évolution des salaires. Après une période de hausse soutenue entre juillet et février 2024, la croissance salariale s’est nettement modérée depuis l’été dernier, suggérant un affaiblissement de la compétition pour attirer les talents. En mars 2025, la croissance du salaire horaire moyen en variation annuelle (données non désaisonnalisées) a atteint 2,9 % au Québec, son niveau le plus bas depuis juillet 2023.

Parallèlement, l’inflation a remonté en février 2025, principalement en raison de la fin de certains allègements fiscaux temporaires. L’évolution combinée de ces deux indicateurs mérite une attention particulière, car elle pourrait exposer les Québécois à une forme de stagflation, où le coût de la vie augmente tandis que les opportunités d’emploi se raréfient.

En conclusion, le marché de l’emploi québécois semble être à un point tournant. Les gains d’emplois de la dernière année liés aux politiques monétaires accommodantes sont désormais menacés par les droits de douane mondiaux et les craintes de récession qui en découlent. Si la guerre commerciale se prolonge et s’intensifie, le marché de l’emploi pourrait en être fortement affecté dans les mois à venir.

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