Un marché du travail moins tendu, mais des défis pour la santé et l’enseignement
Des signes de relâchement du marché du travail québécois sont manifestes avec à la clé une baisse importante du nombre de postes vacants accompagné d’une hausse du taux de chômage passant d’un creux historique de 3,9 % en début d’année à 5,2 % en novembre 2023. La croissance des salaires ralentit également, passant de 6,9 % à 3,2 % au cours de la même période.
Dans le secteur public, et en particulier dans les services de santé et d’éducation, les déséquilibres entre l’offre et la demande de main-d’œuvre semblent être encore bien à l’œuvre. Pourtant, si on regarde la situation au cours des dernières années, les dynamiques d’évolution de l’emploi dans les deux secteurs sont bien différentes.
Pas de hausse importante de l’emploi en santé au cours des dernières années
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le nombre de travailleurs dans le secteur de la santé et des services sociaux n’a que très peu augmenté au cours des dernières années, et ce, malgré la pandémie et le vieillissement de la population à l’œuvre. Entre novembre 2018 et novembre 2023, l’emploi en santé a augmenté de 3,1 % tandis que la moyenne québécoise était de 5,5 %. Il y a donc aujourd’hui 18 500 personnes de plus œuvrant dans le secteur de la santé et des services sociaux qu’en 2018. Cela comprend à la fois les secteurs public et privé.
Cette faible croissance pourrait s’expliquer en partie par des difficultés d’attraction et de rétention des travailleurs. En effet, le nombre de postes à combler dans la santé continue à augmenter alors qu’ils diminuent dans d’autres secteurs d’emplois. Il y avait au 2e trimestre de 2023 44 630 postes à combler dans le secteur de la santé, soit plus d’un poste à combler sur 5 à l’échelle du Québec.
Une hausse importante de l’emploi en enseignement
Dans l’enseignement, le portrait est bien différent, puisque l’emploi a beaucoup augmenté, et à un rythme plus important que dans le reste de l’économie. Entre novembre 2018 et novembre 2023, l’emploi en enseignement a augmenté de 24 %. Il y a donc aujourd’hui près de 70 000 personnes de plus œuvrant dans l’enseignement qu’en 2018. Cette hausse ne peut s’expliquer pleinement par la croissance des effectifs étudiants qui a augmenté de 8% au cours de la même période.
À cet effet, il est fort possible que les efforts consentis dans les dernières années pour augmenter l’attractivité, la rétention, mais surtout à faciliter l’accès à la profession enseignante aient porté leurs fruits en contribuant aux hausses observées en matière d’emploi. Cette hausse de l’emploi ne veut pas dire que l’ensemble des besoins sont comblés, puisqu’elle ne dit rien sur le niveau de qualification du personnel enseignant, le statut d’emploi de ces employés et sur la qualité de l’enseignement qui y est prodigué. La difficulté de combler ces besoins ne se concrétise pas dans les données sur les postes vacants, puisque l’instruction obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans fait en sorte qu’un poste ne peut rester vacant (selon la méthodologie des postes vacants de Statistique Canada) dans le réseau public d’éducation primaire et secondaire.
institutduquebec