Les finances publiques fédérales seront confrontées à d’importants défis dans les années à venir, avec des impacts budgétaires potentiellement significatifs pour les provinces, notamment le Québec.
Avant la pandémie de COVID-19, le Canada bénéficiait d’une situation budgétaire très favorable, avec une dette publique dont le niveau diminuait. Cependant, cette position financière avantageuse s’est dégradée en 2020-2021, à la suite des mesures massives prises pour contrer les effets de la pandémie. En outre, de nouvelles initiatives ont ensuite fait augmenter les dépenses.
Les dépenses de programmes du gouvernement fédéral pour l’exercice financier 2023-2024 sont ainsi de 70 G$ plus élevées que ce qui avait été anticipé en 2019. Une partie seulement, soit 26 G$ de cette augmentation, peut être entièrement attribuable à une inflation plus forte que prévue.
Il en résulte que près des deux tiers de cet excédent (44 G$) correspondent à de nouvelles dépenses, notamment la mise en œuvre de nouvelles initiatives (garderies, assurance dentaire), et à la priorisation de certains enjeux (Premières Nations, demandeurs d’asile, logement, itinérance).
Les dépenses ont ainsi augmenté plus rapidement que l’économie, si bien que les dépenses de programmes en pourcentage du PIB s’élevaient à 16 % en 2023-2024. Cela s’est traduit par une détérioration du cadre financier : la dette fédérale s’élevait à 42 % du PIB et le service de la dette, à 10 % des revenus de l’État.
Cette croissance marquée des dépenses soulève des préoccupations, d’autant plus que le cadre financier présenté au dernier budget ne prend pas pleinement en compte plusieurs dépenses additionnelles à venir, notamment :
Le coût réel des nouveaux programmes de frais de garde et des soins dentaires, lorsque ceux-ci auront atteint leur rythme de croisière ;
La mise en œuvre de l’assurance médicaments ;
Les dépenses miliaires en lien avec les obligations du Canada envers ses partenaires internationaux ;
Les pressions des provinces pour augmenter les transferts en santé afin de couvrir leurs coûts qui augmentent.
Les incertitudes entourant le financement à long terme des nouveaux programmes sociaux lancés par Ottawa, mais également annoncés en amont du budget 2024- 2025, posent également un défi pour assurer une saine planification budgétaire.
Le Québec, qui a vu sa propre situation budgétaire se dégrader, espère voir les transferts fédéraux augmenter pour combler une partie de l’écart budgétaire à résorber. La situation financière beaucoup plus serrée du fédéral et ses choix budgétaires vont rendre plus difficile l’augmentation des transferts aux provinces.
Bien que le Canada demeure dans une position avantageuse comparée à d’autres pays, la croissance de ses revenus s’atténuera et les pressions sur ses dépenses s’accroîtront. Le fédéral se trouve aujourd’hui dans une situation financière délicate où il devra trouver le juste équilibre entre maintenir une discipline budgétaire rigoureuse et investir pour accroître le potentiel économique.