Veille de l'emploi
NOTE DE L'EMPLOI
6 min

Note de l'emploi - Juillet 2024

L’emploi au ralenti : les immigrants payent la note

Rapport
1 juillet 2024

En bref

Vigueur du marché du travail

  • Le taux de chômage est demeuré inchangé à 5,7 % en juillet. Il était de 4,5 % l'an dernier. Il y a 9 100 emplois de moins que le mois dernier et 9 300 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 34 600 emplois de moins dans le secteur privé que le mois dernier et 69 300 de moins qu'il y a un an.

  • Il y a 1 100 chômeurs de moins que le mois dernier et 62 100 de plus qu'il y a un an. La population active, soit les personnes à l’emploi ou à la recherche d’un emploi, a diminué de 10 200 depuis un mois. Elle est 71 400 plus nombreuse que l'an dernier.

Qualité des emplois

  • Il y a 35 300 emplois à temps plein de moins que le mois dernier et 20 900 de moins qu'il y a un an.

  • Il y a maintenant 41 100 travailleurs à temps partiel involontaire pour des raisons économiques¹. C'est 4 000 de plus qu'il y a un an.

  • Il y a 3 600 emplois de plus dans les secteurs bien rémunérés² depuis le mois dernier et 8 900 de plus depuis un an.

  • Les salaires ont augmenté de 5,9 % sur une base annuelle ce mois-ci. Cette croissance était de 4,9 % le mois dernier.

1 Les travailleurs à temps partiel involontaire pour des raisons économiques sont ceux qui travaillent à temps partiel en raison de la conjoncture économique ou parce qu’ils n’ont pu trouver un travail de 30 heures ou plus par semaine malgré en avoir cherché un.
2 Les secteurs bien rémunérés sont ceux où le salaire horaire moyen pour l’année 2023 était supérieur à la moyenne québécoise.

Perspectives

Moins de postes à combler et gel d'embauches : le ralentissement du marché de l'emploi se fait sentir depuis plusieurs mois au Québec comme dans le reste du Canada. Le bond de l'immigration temporaire a quant à lui fait croître le nombre de travailleurs disponibles pour pourvoir les postes vacants : entre juillet 2023 et juillet 2024, cette immigration a ajouté 75 000 personnes à la population active (graphique 1). Rappelons que, les immigrants temporaires n'ont pas forcément un contrat de travail avec un employeur québécois et qu'ils peuvent aussi être des étudiants internationaux ou des demandeurs d'asile avec un permis de travail.

Les immigrants font les frais de la hausse du chômage

Pris ensemble, ces phénomènes ont augmenté le taux de chômage de 4,5 % en juillet 2023 à 5,7 %en juillet 2024. Cette hausse du chômage ne touche pas tous les Québécois de la même manière. Comme lors de ralentissements précédents, ce sont les personnes qui entrent sur le marché de l'emploi au Québec qui sont plus touchées, à savoir les jeunes et les nouveaux arrivants.

Sur la même période, le taux de chômage des immigrants temporaires (+ 4,5 p.p.) et des immigrants permanents récents (+ 3,3 p.p.) a fortement augmenté. En comparaison, le taux de chômage des natifs a également augmenté (+ 1,0 p.p.), mais moins rapidement. Ainsi, le taux de chômage a atteint 12,5 % pour les immigrants temporaires, 11,8 % pour les immigrants permanents récents et 4,5 %pour les natifs (graphique 2).

Graphique 1
Variation de la population active selon le statut d'immigrant au Québec
Milliers, de juillet à juillet. SOURCE : Statistique Canada
Graphique 2
Taux de chômage par statut d'immigrant au Québec
Moyenne mobile sur trois mois, données non désaisonnalisées. SOURCE : Statistique Canada

Les immigrants n’ont pas profité du rebond de l’emploi dans certains secteurs

Les travailleurs temporaires sont sous-représentés dans les secteurs de la santé et de l'assistance sociale et celui de la construction, alors que ce sont ces secteurs qui ont connu les plus fortes hausses de l'emploi dans la dernière année au Québec. Il s'est créé 45 400 emplois dans les secteurs des soins de santé et de l'assistance sociale entre juillet 2023 et juillet 2024, et 24 100 en construction.

Des barrières à l’intégration du marché du travail qui refont surface

Alors que les barrières à l'intégration des immigrants au marché du travail semblaient s'estomper, le ralentissement de l'emploi les a ramenées au premier plan. D'abord, les entreprises d'ici ne connaissent pas les firmes et les universités d'ailleurs aussi bien que les établissements locaux. La reconnaissance de l'expérience professionnelle et des compétences des nouveaux arrivants se révèle donc plus complexe aux yeux de certaines entreprises. Le manque d'expérience locale ou de réseau professionnel fait qu'il est aussi plus difficile pour les candidats internationaux d'être au fait des ouvertures de poste avant qu'elles soient affichées. À cela s'ajoutent les barrières linguistiques et culturelles auxquelles certains immigrants temporaires, notamment les demandeurs d'asile, peuvent être confrontés.

Les annonces récentes concernant les immigrants temporaires influenceront-elles leurs perspectives d’emploi ?

Le gouvernement fédéral a annoncé en mars vouloir réduire la part des immigrants temporaires dans la population en la faisant passer à 5 % au cours des trois prochaines années. En août, il a annoncé une suite de mesures en vue de limiter la capacité des entreprises à faire venir des immigrants temporaires dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). Le Québec a aussi fait part de sa volonté de réduire le nombre d'immigrants temporaires sur son territoire. Ces nouvelles politiques d'immigration ne seront pas sans impact sur le marché de l'emploi québécois.

Télécharger