La baisse du taux directeur survenue cette semaine est de bon augure pour l’économie. Elle est le signe que l’inflation revient graduellement à la cible et que les efforts pour y arriver n’auront pas causé de pertes d’emploi importantes. Toutefois, l’activité économique est encore au ralenti et les opportunités d’emplois se font plus rares. En même temps, les taux d’intérêt restent élevés et les prix de nombreux biens et services continuent d’augmenter à un rythme anormalement élevé. Résultat : de nombreux Québécois sont plus pessimistes qu’auparavant quant à l’état de l’économie.
Les travailleurs n’ont plus le gros bout du bâton
Les conditions du marché du travail se sont manifestement assombries dans les derniers mois. Les opportunités d’emplois telles que mesurées par les postes vacants ont reculé à cause des effets du ralentissement économique sur l’emploi, mais également en raison de l’arrivée importante d’immigrants temporaires qui ont comblé certains postes.
Comme la création d’emploi n’a pas suivi la croissance de la population, un nombre grandissant de personnes est à la recherche d’un emploi : le taux de chômage est passé de 4,1 % en mai 2023 à 5,1 % en mai 2024. Tous les Québécois ne sont pas touchés de la même manière par ce ralentissement du marché de l’emploi. Les jeunes et les immigrants ont vu leur taux de chômage augmenter plus rapidement.
Les consommateurs sont plus pessimistes
Des salaires qui augmentent légèrement moins rapidement qu’avant témoignent également de ce changement de vent. Alors que les salaires horaires moyens augmentaient de 5,4 % en mai 2023, ils ont augmenté de 5,1 % en mai 2024. Depuis la pandémie, la croissance des salaires suit globalement l’inflation.
Depuis la pandémie, la croissance des salaires suit globalement l’inflation. En revanche, les tensions sur le marché du logement locatif continuent de faire croître le prix des logements à un rythme anormalement élevé. Certains travailleurs doivent donc faire face à des dépenses plus élevées alors que les perspectives d’emploi et de croissance des salaires sont moins reluisantes. Tout cela entraîne une baisse de la confiance des consommateurs, l’amenant près d’un creux historique.
À quoi s’attendre pour la suite?
Avec de nombreux départs à la retraite, les enjeux de rareté de main-d’œuvre n’ont pas tout à fait disparu. D’ailleurs, la plupart des prévisionnistes s’attendent à une hausse du taux de chômage au cours de la prochaine année, mais bien en dessous de ce qui a déjà pu être observé lors de récessions passées.
Cette résilience du marché de l’emploi, qui s’observe également dans le reste du Canada, est une bonne nouvelle pour les travailleurs. Elle pourrait cependant retarder ou diminuer les baisses de taux d’intérêt attendus. Selon la Banque du Canada, un des risques qui pourrait compromettre les récents progrès dans la lutte contre l’inflation est une augmentation des salaires qui dépasserait trop celle de la productivité.
En effet, lorsque les employeurs augmentent les salaires sans gains de productivité, ils répercutent cette hausse de coûts sur leurs clients pour préserver leur rentabilité, provoquant ainsi une inflation qui ne profite pas pleinement aux travailleurs, eux-mêmes confrontés à des coûts plus élevés.
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