Note d’analyse

Marché du travail au Québec : des signes de résilience et des effets inégaux

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Depuis le mois de mai 2020, le nombre de chômeurs est en constante diminution. La reprise de l’emploi, importante dès les premières semaines qui ont suivi la réduction des mesures sanitaires, a depuis ralenti quelque peu. Néanmoins :

  • 86,2 % des emplois perdus ont été repris depuis le creux d’avril 2020. Il s’agit du deuxième plus haut taux de reprise à l’échelle canadienne après le Manitoba;
  • À 7,4 %, le taux de chômage est en diminution constante. Il est désormais à 6,4 % chez les 25-54 ans (comparativement à 3,8 % avant la pandémie);
  • À 83,8 %, le taux d’emploi des 25-54 ans se rapproche de son niveau de février dernier. Le taux d’activité de ce groupe a quant à lui dépassé le niveau d’avant la pandémie;
  • De manière générale, la performance québécoise se compare avantageusement à celle du Canada;
  • Malgré cette reprise, 234 000 personnes à l’emploi n’ont pas déclaré d’heures travaillées au moment de l’enquête en septembre 2020, comparativement à 140 000 personnes en février 2020;
  • Les industries comme les services d’hébergement et de restauration, l’information, la culture et les loisirs ainsi que les autres services demeurent les plus affectées par les mesures sanitaires.

Le Québec affronte actuellement la deuxième vague de la pandémie de COVID-19, qui a fait en sorte que le gouvernement du Québec a imposé de nouvelles mesures restrictives limitant l’activité économique. Bien que plus ciblées qu’au printemps, elles auront un impact négatif sur la croissance de l’économie, la récupération des emplois perdus depuis mars 2020 et la création de nouveaux emplois. Ces effets ne sont pas encore mesurés. Pour comprendre la portée du choc que causeront les nouvelles mesures, il faudra attendre les données d’octobre 2020, publiées en novembre.

Entretemps, il est pertinent d’évaluer les fondements sur lesquels le marché de l’emploi au Québec se trouve pour affronter cette nouvelle épreuve économique. Les données de l’Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada ont permis de prendre le pouls du marché du travail sur une base mensuelle. Nous analysons déjà le marché du travail dans notre Indice de l’emploi IDQ, dont l’objectif est de saisir les mouvements annuels de l’emploi au Québec sans être soumis aux variations mensuelles. Or, face aux déviations importantes de court terme par rapport aux moyennes historiques, une analyse basée sur un an n’est pas suffisante pour saisir les tendances en période de crise.

Publié d’avril à septembre dernier, L’emploi en temps de crise rassemblait des indicateurs supplémentaires pour mieux comprendre le marché de l’emploi au Québec : situation des chômeurs temporaires, dichotomie entre l’emploi et les heures travaillées, état de l’emploi dans des industries ciblées et la situation des travailleurs vulnérables. La plupart de ces indicateurs sont revenus aux niveaux observés avant la crise. Il demeure tout de même quelques variables plus inquiétantes dans le contexte de nouvelles restrictions depuis début octobre.

Ce document présente un bilan de la récupération de l’emploi après sept mois de crise, cible les industries qui ont toujours moins d’employés qu’en février et souligne que certains groupes sont moins avantagés par la reprise que d’autres.

L’Institut du Québec (IDQ), dans son document L’emploi et la COVID-19, Analyse et propositions pour relancer le marché du travail publié au début de septembre 2020, soulignait que sept industries étaient encore loin d’avoir récupéré leur niveau d’avant la crise. Depuis, ce nombre a été réduit à quatre. Si l’on fait abstraction de la catégorie Transport et entreposage qui risque de continuer à récupérer ses emplois, trois industries, en fait, accusent toujours du retard : Information, culture et loisirs, Hébergement et restauration et Autres services. Celles-ci sont moins bien positionnées pour affronter les nouvelles restrictions annoncées. Or, ce constat est d’autant plus inquiétant que ces mesures touchent directement ces secteurs.

Enfin, l’emploi chez les femmes, les personnes peu scolarisées et les immigrants demeure en dessous de ce qu’il était avant la crise. Ces groupes sont particulièrement sensibles aux conséquences des restrictions sanitaires et des fermetures d’entreprises