Rapport
Le Québec et l’Afrique : Un partenariat commercial à développer
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Les dernières années ont donné lieu à de nouveaux accords commerciaux entre le Canada et l’Europe (AECG), le Canada et l’Asie (PTPGP) et le nouvel accord entre le Canada, les États- Unis et le Mexique. Néanmoins, plus de 70 % de la valeur des exportations québécoises vont en direction des États-Unis.
En 2017, moins d’un pourcent des exportations totales du Québec étaient destinées aux pays de l’Afrique francophone. Malgré ce constat, la diversification des relations commerciales du Québec pourrait bien passer en partie par les marchés émergents de l’Afrique francophone. La croissance démographique et économique de cette région du monde présente plusieurs occasions d’affaires. À cet effet, le Québec a un principal atout : la connaissance de la langue parlée par bon nombre des habitants de l’Afrique francophone. Si le faible poids des pays de l’Afrique francophone dans les échanges commerciaux du Québec fait en sorte qu’un développement spectaculaire des échanges avec ceux-ci n’est pas envisageable, il demeure que l’augmentation des échanges avec ces marchés aiderait à diversifier les exportations du Québec.
Pour identifier les opportunités potentielles, l’Institut du Québec (IDQ) a produit un classement qui permet de tracer la ligne entre les pays à fort potentiel et ceux qui représentent un potentiel de développement économique moindre pour le Québec. Trois piliers sont analysés : économie, institutions et connectivité.
- Dans le classement général, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie tiennent le haut du pavé alors que le Burundi, le Tchad et la Guinée sont en queue de peloton ;
- Le pilier économie place le Maroc et l’Algérie en tête de peloton et la Guinée et le Burundi en fin de classement ;
- Le pilier institutions accorde les premières places au Rwanda et au Sénégal alors qu’il place le Tchad très loin derrière tous les autres pays du classement ;
- Le pilier connectivité avantage le Maroc et la Tunisie alors qu’il place plusieurs pays du classement en très mauvaise posture, dont le Tchad et le Madagascar.
Ce classement permet d’identifier les pays où se se trouvent plusieurs opportunités d’affaires pour les entreprises du Québec en Afrique francophone. Quatre pays ont particulièrement été analysés en ce sens. Les pays en haut du classement ayant des caractéristiques semblables, nous avons choisi de diversifier les exemples en présentant des pays qui se classent autant en haut qu’en milieu de classement :
- Nous retenons particulièrement le désir du Maroc de continuer le développement des secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et des énergies renouvelables, trois industries où le Québec possède de l’expertise ;
- La Côte d’Ivoire s’est engagée dans un vaste projet d’industrialisation, dont les investissements clés sont concentrés dans les infrastructures, les transports et les télécommunications. Il s’agit de trois domaines qui peuvent profiter non seulement de l’importation de biens et matériaux, mais surtout du partage de connaissances ;
- Au Sénégal, il y a un besoin d’améliorer l’accès à l’énergie, aux infrastructures de soutien à la production et au financement. Tout comme en Côte d’Ivoire, les opportunités pour le Québec sont concentrées davantage dans les services et le partage d’expertise technique, mais il y a également des occasions dans le développement du secteur minier.
- Le premier objectif du Burkina Faso est la transformation structurelle de l’économie pour soutenir une croissance forte, durable et créatrice d’emplois. Tout comme les autres pays d’Afrique de l’Ouest, les opportunités pour le Québec semblent être concentrées davantage dans le secteur de l’exportation d’expertise technique.
L’opportunité d’affaires ne se trouve pas nécessairement dans le secteur des biens, mais plutôt dans les services à haute valeur ajoutée, où se trouve l’avantage comparatif du Québec.
Pour saisir les opportunités de diversification commercial avec l’Afrique francophone, ces pistes d’actions devraient être explorées :
- De compléter et renforcer les ententes commerciales et les ententes de protection des investissements privés avec les partenaires africains francophones ;
- D’intégrer formellement l’Afrique comme lieu géographique à développer au sein de la stratégie québécoise des exportations ;
- De cibler activement des entreprises ayant un fort potentiel de développement en Afrique ;
- De miser sur les entreprises québécoises ayant une grande expertise technique et à haute valeur ajoutée ;
- De favoriser les investissements directs des entreprises québécoises dans les pays africains ;
- De constituer un réseau d’anciens étudiants étrangers originaires des pays de l’Afrique francophone ayant étudié au Québec pour trouver des ponts entre le Québec et ces pays.
Jean-Guy Côté,
Simon Savard,
Henry Diaz